Psychologie

Triangle dramatique : présentation du profil du persécuteur

Triangle dramatique : présentation du profil du persécuteur
Dans le triangle « dramatique » que nous jouons souvent en groupe, le profil du persécuteur est indispensable au fonctionnement de la victime et du sauveteur

 

L’analyse transactionnelle élaborée par Eric Berne nous apprend que nous avons tendance dans nos relations professionnelles, amicales ou affectives, à jouer des « jeux psychologiques ». Il s’agit d’un scénario inconscient bien rôdé, un système relationnel répétitif dans lequel nous avons tendance à adopter spontanément toujours le même rôle: victime, persécuteur ou sauveteur sont les rôles-clés de ce jeu de rôle peu comique.

Le profil du persécuteur ou du bourreau dans le triangle dramatique

A côté de la figure de l’éternelle victime si malheureuse, et du sauveteur apparemment si gentil, le profil du persécuteur semble avoir le mauvais rôle dans le scénario inconscient des jeux psychologiques : c’est le rôle du « méchant », en apparence.

Les armes clés du persécuteur dans la relation aux autres ? Il brandit la « vérité », il a un discours logique, apparemment objectif (soyons clair, il s’agit de son discours à lui, donc son discours est subjectif !), il monte sur ses grands chevaux facilement et la colère n’est jamais loin lorsqu’il condamne un concept, une situation, une personne.

Triangle dramatique : présentation du profil du persécuteur
Triangle dramatique : présentation du profil du persécuteur

Ses thèmes clés sont l’injustice, la réparation; il crée les lois auxquelles il entend bien assujettir les autres; il énonce le modèle de la « perfection » (son idéal de la perfection) auquel les autres doivent se conformer.

Comment le persécuteur se comporte face à la victime et au sauveteur ?

Le persécuteur adore les situations où il peut monter une sorte de tribunal virtuel, où il se fait tour à tour procureur et juge. Il se plaît dans les situations conflictuelles, a tendance à les provoquer, et il tend à entraîner les autres dans le conflit qu’il a créé en faisant souffrir la victime et en provoquant les autres à devenir à leur tour son propre persécuteur lorsqu’il aura dépassé leurs bornes.

Les besoins psychologiques sous-jacents à ce type de comportement sont :

  • L’affirmation de soi, à n’importe quel prix. Bien entendu, l’estime de soi cachée par ce comportement de compensation est bien faible
  • Avoir toujours raison, quitte à être malheureux. Le persécuteur excelle également à se draper dans sa dignité, dans les « je vous l’avais bien dit » et dans le retrait misanthrope quand il ne parvient pas à faire durer le conflit dont il a besoin
  • Établir un rapport de force grâce à la crainte ou au rejet qu’il peut provoquer chez l’autre à cause de ses coups de colère, de ses jugements à l’emporte-pièce, de sa mauvaise foi masquée par son discours logique, inquisiteur, accusateur

Les motifs du comportement du persécuteur

On voit donc bien que sous ces dévalorisations d’autrui, sous ces comportements qui génèrent peur, colère, rejet chez l’autre, le persécuteur est en réalité lui-même dans la peur d’être dominé par l’autre dans un rapport de force et dans une grande dévalorisation de soi.

Attention : un persécuteur habile peut se déguiser sous le profil de la victime. Dans ce cas, il accuse violemment les autres de son malheur à grands coups de : « si j’avais eu les mêmes chances que toi, j’aurais réussi, moi ! » ; ou encore « Après tout ce que j’ai fait pour défendre les autres contre l’injustice dans cette entreprise, voila comment ils me traitent « ; ou encore « Ah, ils ont bien profité de moi, après tout le mal que je me suis donné pour eux, moi qui me suis sacrifié pour (au choix) ma famille, ma femme, mon entreprise, mon site Internet… »

Quelques clés pour sortir du rôle du persécuteur

Le persécuteur qui se rend compte qu’il occupe ce rôle et qui apprend à se différencier de ce rôle peut tenter ces différentes solutions pour éviter de retomber dans ce scénario de répétition dont il est prisonnier :

  • Reconnaître ses torts : apprendre à soutenir ses opinions sans les imposer aux autres par la violence, reconnaitre que l’autre peut avoir raison ou ses raisons
  • Éviter les sous-entendus et les « ils », les « … », les allusions impersonnelles : le persécuteur excelle dans l’art du sous-entendu et du discours pseudo-paranoïaque
  • Éviter les reproches qui suscitent chez l’autre le sentiment d’être attaqué, en parlant à la première personne. Par exemple : « Je serai content quand tu auras révisé tes devoirs » et non « Paroles, paroles… » ou encore « C’est pas comme cela que tu réussiras, bon à rien ! »
  • Ne pas théoriser mais apprendre à parler à la première personne : par exemple, éviter les « Dans la famille, tout le monde fait du foot, c’est comme cela ! » en préférant :  » Cela me ferait plaisir si tu faisais du foot, tu as les qualités pour mais tu es libre de faire ton choix ».

Pour aller plus loin :

Eric Berne, Des Jeux et des hommes , Stock, 1996.

Marshall Rosenberg : Les Mots sont des fenêtres… ou bien ce sont des murs. Introduction à la communication non violente . Ed La découverte, 2004.

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