Equipe de travail, famille, formation : le bavardage compulsif peut devenir gênant. Communication interpersonnelle et CNV peuvent améliorer à renouer le dialogue.
Dans un groupe de travail, dans une famille, dans une équipe, au restaurant, à la piscine… nous les connaissons tous, nous en faisons peut-être même partie : qu’est-ce qui se cache derrière une « grande bouche », un bavard compulsif ? Ils obtiennent généralement le contraire de ce qu’ils recherchent et le bavardage compulsif isole souvent les personnes qui le pratiquent inconsciemment pour obtenir l’attention et la reconnaissance de l’autre…
Je parle tout le temps, je parle trop : problèmes relationnels du bavard compulsif
Il y a une différence, une frontière vite franchie entre le joyeux drille qui anime nos soirées, qui a toujours quelque chose à dire, et le bavard qui ne s’arrête jamais de parler, qui raconte, se raconte, et raconte encore… L’un amuse, l’autre fatigue, et pourtant, la soif de reconnaissance du bavard compulsif est immense et génère de grandes souffrances, tant pour lui que pour son entourage. Certains témoignent que le bavardage devient leur unique mode de relation aux autres… le langage non verbal, pourtant si important dans la relation à l’autre, ne parvient pas à combler le vide immense que le bavard compulsif ressent en lui.
La peur du silence : je ne supporte pas le vide en moi
On passe vite avec ces personnes du dialogue au monologue interminable… il s’agit en réalité, et les bavards compulsifs en ont parfois douloureusement conscience, d’une carapace verbale qui leur sert à se protéger de l’autre : le silence est perçu comme oppressant, le silence est interprété comme une absence, comme un rejet de l’autre dans la relation. A la manière d’un enfant qui va se raconter des histoires tout seul pour apaiser ses angoisses, ses pulsions, sa part d’ombre, le bavard compulsif ne parvient pas à gérer son intériorité qui lui parait menaçante. L’hyperactivité est une autre manière de gérer cette « ingérable intériorité » .
Manipulation et crainte de la relation
Ce problème du bavardage compulsif tient aussi à la manière dont le bavard gère sa relation aux autres, et au monde. La peur de l’autre est en effet primordiale chez le bavard compulsif. Pour ces personnes, la meilleure défense étant l’attaque, ils évitent le rejet supposé de l’autre en monopolisant la parole, l’espace. La parole est un instrument de manipulation : le but du bavard, c’est que l’autre reste, c’est de ne pas rester seul avec lui-même. Et il ne laisse pas le choix à l’autre ! Il exerce une emprise verbale sur l’autre, jusqu’à provoquer paradoxalement ce qu’il redoute le plus : le refus, le rejet de son interlocuteur.
Proxémique et intrusion dans la sphère intime
On peut noter chez ces personnes le non respect de ce que l’on nomme la « proxémique » en communication : ces personnes ont tendance à rentrer dans la sphère symbolique qui entoure chacun de nous et qui délimite l’espace d’intimité. Nous ne nous situons pas à la même distance d’un inconnu qui nous demande l’heure dans la rue, d’un ami au restaurant, ou de notre conjoint : le bavard compulsif est également souvent intrusif physiquement en se plaçant à une distance que nous acceptons généralement d’un conjoint, même si nous ne le connaissons pas bien.
Le résultat est simple : si l’interlocuteur du bavard compulsif est conscient de la signification intrusive du placement du bavard, le bavard ne fait pas attention aux signaux non verbaux adressés par son interlocuteur : il risque bien souvent de se faire rejeter verbalement tout simplement parce qu’il n’a pas correctement interprété les gestes de son interlocuteur qui lui disaient pourtant non verbalement : « stop, maintenant, tais-toi » !
Une demande de reconnaissance
Mais face à celui qui parle trop, nous pouvons nous demander ce qu’il veut vraiment : la quête qui se cache derrière ce flot incessant de paroles, ces monologues à n’en plus finir, c’est une quête de reconnaissance. En développement personnel, il est possible que le bavard compulsif finisse par comprendre ce mécanisme de défense qu’il a mis en oeuvre et qui est à terme un handicap à la relation et à la communication.
Conseils thérapeutiques pour en finir avec le bavardage compulsif
Le travail passe donc par l’estime de soi… Ces quelques questions peuvent aider le bavard compulsif :
- Qui suis-je en silence face à l’autre ?
- Dans quelles circonstances je commence à « monologuer « ?
- Qu’est-ce que je ressens quand je commence à monologuer ? De la peur ? De l’angoisse ? De la tristesse ? De la colère ? … Ce sont ces émotions qui sont à travailler, le bavardage compulsif n’est qu’un symptôme.
- Essayer de remplacer le discours verbal par une autre forme de communication : dessins, psychodrame, expression corporelle… ces autres modes de communication sont très instructifs pour le bavard compulsif.
Les principes de la CNV – Communication non violente au secours du bavard
La communication non violente est une technique qui peut être très utile pour différencier nos sentiments de nos interprétations et de nos jugements. Le bavard compulsif peut ainsi apprendre à découvrir et à exprimer ses besoins profonds, ses aspirations, ses motivations réelles, ce qui se cache derrière ce flot de paroles. En général, le bavardage compulsif est frustrant de part et d’autre car l’écoutant est frustré de ne pas être entendu, de ne pas pouvoir intervenir dans le dialogue, et le bavard n’otbient pas ce qu’il recherche. En apprenant avec la CNV par exemple à reconnaitre ses besoins réels, le bavard peut apprendre à présenter ses demandes de façon positive, concrète et réalisable.
A lire :
Thomas d’Asembourg, Qui -fuis-je ? Où cours-tu ? A quoi servons-nous ? Vers l’intériorité citoyenne. Editions de l’Homme, 2008.