L’engouement pour les médecines alternatives, douces ou parallèles, exprime une nouvelle tendance: la recherche d’une maîtrise de soi et la possibilité, pour le patient, d’intervenir de manière active sur sa propre histoire. La quête du dialogue vise à l’amélioration des rapports entre médecin et malade, qui deviendraient ainsi plus humains. Mais la médecine officielle met en avant leur manque de rigueur et leur discours pseudo-scientifique.
L’expression «médecines douces» est sans doute impropre, car certaines d’entre elles – comme l’acupuncture, la mésothérapie ou l’ostéopathie – n’ont pas toujours recours à des techniques particulièrement douces. Ces techniques, également qualifiées de médecine complémentaire et alternative, parallèles, traditionnelles ou naturelles, ont pour objectif de proposer une thérapie différente de celle de la médecine officielle. Au-delà de leur grande diversité, leur point commun est d’être rejetées par la médecine classique et de ne pas être enseignées, à quelques exceptions près, dans les universités.
Critiques des médecines alternatives
Une enquête récente a montré qu’un Français sur deux y avait eu recours et que 80 % d’entre eux étaient satisfaits de cette expérience, qu’ils soient guéris ou non. L’un des grands reproches formulés à l’égard de la médecine officielle est son manque d’humanité, tout particulièrement au sein des structures hospitalières, alors que les médecines douces mettent en avant leur capacité d’écoute du malade et leur aspect personnalisé. Mais cet avantage n’est pas toujours respecté, et certains praticiens optent également pour les consultations à la chaîne.
Une des grandes critiques émises à l’égard de la plupart des médecines douces, même les plus «officielles», comme l’homéopathie et l’acupuncture, concerne leur absence de référence scientifique. C’est un fait indéniable car les tenants de ces médecines parallèles ont rarement fait l’effort de tester l’efficacité de leurs traitements. La conviction remplace donc régulièrement la rigueur et, parfois même, l’honnêteté intellectuelle. À leur décharge, il faut bien avouer que les études comparatives ne sont pas toujours faciles à conduire.
Devant cette absence de rigueur scientifique des médecines douces, associée souvent à un manque de formation médicale chez beaucoup de leurs adeptes, il est naturel de recommander aux patients la plus grande prudence face aux remèdes proposés. Si le traitement de maladies bénignes, souvent de type psychosomatique, ne pose guère de problème déontologique, des examens complémentaires, destinés à écarter une pathologie plus grave, doivent être faits systématiquement. La solution idéale est de consulter son médecin traitant et de s’orienter, ensuite, vers une alternative thérapeutique en cas d’échec.
Toutefois, de plus en plus de médecins pratiquent eux-mêmes ces médecines. La volonté de satisfaire leurs patients habituels ainsi que leurs difficultés financières croissantes sont certainement à l’origine de cet engouement. Pour certains, cela représente un véritable tour de force, car ils doivent, en partie, renoncer à la démarche rigoureuse qui doit être quotidiennement la leur.
Les techniques de massage
Les manipulations, techniques de massage, comprennent l’ostéopathie, la vertébrothérapie, la chiropractie et le drainage lymphatique. Il existe également divers types de massages énergétiques dont certains sont fondés sur les principes de l’acupuncture, d’autres sur des principes plus flous.
L’ostéopathie
La médecine des articulations a été inventée au XIXe siècle, aux États-Unis, par le docteur Andrew Taylor Still, qui rejetait les idées de la médecine moderne. Il considérait l’espace compris entre le foie et le diaphragme également comme une articulation, et, selon lui, les maladies étaient dues à la perturbation d’une articulation particulière. Le traitement consistait donc en une manipulation de la zone malade.
Actuellement, une grande partie des idées de Still ne sont plus mises en pratique par les ostéopathes. L’ostéopathie est devenue une médecine essentiellement orthopédique, qui traite les douleurs des articulations osseuses ou de la colonne vertébrale, sauf quand celles-ci sont le résultat d’une maladie aiguë (arthrite, cancer, tumeur…).
La vertébrothérapie
Celle-ci a restreint son domaine d’investigation à la colonne vertébrale. Par palpation, le thérapeute localise les régions douloureuses en repérant les zones de contracture musculaire. Après un éventuel massage relaxant, le manipulateur amène l’articulation concernée à sa tension maximale et au-delà, ce qui fait entendre un craquement caractéristique. Cette manœuvre a pour but de rendre à l’articulation une mobilité correcte.
La chiropractie
Décrite par un magnétiseur nord-américain, David Palmer, en 1894, la chiropractie s’intéresse à l’ensemble du squelette et de ses articulations. Considérant le patient dans sa globalité, elle suppose qu’une douleur au niveau du pied peut avoir son origine dans de nombreuses autres articulations. Les massages et les manipulations ont pour but, là encore, de restaurer la fonction d’une ou de plusieurs articulations. Ces gestes, théoriquement indolores, sont généralement conseillés pour tout type de douleur articulaire, ancienne ou récente, à l’exception de celles qui sont causées par une maladie aiguë.
Le drainage lymphatique
Les premières tentatives de drainage lymphatique ont eu lieu dans les années 1930, date à laquelle le masseur danois Emile Vodder constata que des massages profonds pouvaient soulager diverses formes d’œdèmes en favorisant le retour de la lymphe – liquide transparent échappé des vaisseaux sanguins et stagnant entre les cellules – vers son propre système circulatoire, c’est-à-dire les vaisseaux lymphatiques et les ganglions. Comme tous les massages, le drainage a également des propriétés relaxantes.
Mais le véritable engouement pour le drainage lymphatique est récent, et vient du fait qu’il permet de traiter la cellulite, qui est une forme d’œdème. Pour certains praticiens, cette méthode pourrait également améliorer les défenses immunitaires et donc être indiquée dans les infections bénignes. Mais cette indication laisse profondément sceptiques la plupart des médecins: mal pratiqué, le drainage lymphatique peut en effet être dangereux en remettant trop rapidement en circulation les toxines, qui sont stockées dans l’organisme.
La diversité des médecines douces
Nombre de médecines parallèles sont fondées sur des principes différents; de plus, il existe des formes intermédiaires, sans oublier les adaptations et les libertés prises par chaque thérapeute.
La réflexothérapie
Cette médecine est en fait un amalgame de techniques empruntées à la kinésithérapie, à l’ostéopathie, à la chiropractie, à la thalassothérapie et au drainage lymphatique. Dans son principe, elle suppose que l’on peut agir à distance sur les viscères en activant un réflexe. À chaque région de la peau correspondrait une zone organique précise sur laquelle on pourrait intervenir pour guérir une maladie.
Si les neurophysiologistes connaissent relativement bien les réflexes traditionnels et leurs circuits nerveux, ils n’ont jamais pu retrouver ceux que cette médecine met en jeu. Pour les réflexothérapeutes, la voûte plantaire est une des zones réflexes essentielles. Après un examen adéquat du pied, une série de massages est censée avoir des répercussions bénéfiques sur l’organe malade. La réflexothérapie faciale, ou dien cham, est fondée sur les mêmes principes, mais, cette fois, c’est le visage qui est la zone réflexogène privilégiée.
Les techniques de relaxation
La relaxation est la recherche volontaire d’un état de relâchement pour diminuer la tension. Il existe diverses techniques pour aboutir à cet état (yoga, sophrologie, méditation zen ou encore training autogène). Plusieurs semaines – pour certains, plusieurs années – d’entraînement sont nécessaires pour parvenir à la relaxation.
Par le training autogène, les personnes s’efforcent de maîtriser certaines de leurs fonctions physiologiques. On a pu mettre en évidence que certaines d’entre elles étaient capables de contrôler un abaissement de leur tension artérielle et d’autres paramètres liés au système circulatoire comme le rythme cardiaque.
Le stress et les soucis de la vie courante peuvent favoriser un grand nombre de petites maladies (douleurs, troubles digestifs, insomnie, anxiété…), et les techniques de relaxation ont alors des effets bénéfiques; les troubles d’origine psychosomatique peuvent donc régresser grâce à n’importe quelle technique de relaxation. Elles ont d’ailleurs été introduites dans de nombreuses consultations hospitalières, notamment dans les centres spécialisés dans le traitement de la douleur.
L’instinctothérapie
La philosophie de l’instinctothérapie est extrêmement simple. Au moment du repas, un ensemble de légumes crus et de substances animales crues elles aussi sont disposés devant les convives. Il leur suffit de humer les différents plats pour que leur instinct s’éveille: ils reconnaissent alors ceux qui contiennent les vitamines et les éléments nutritifs dont ils ont besoin. Dans les bois, il est également recommandé de suivre son instinct et de se délecter des baies et des fruits convoités.
Cette philosophie nutritive originale peut néanmoins conduire à des carences si l’on ne diversifie pas suffisamment son alimentation. De plus, l’instinct de l’homme n’étant plus ce qu’il a été, il vaut mieux avoir une parfaite connaissance de la botanique pour éviter intoxication alimentaire et empoisonnement.
La musicothérapie
Il est parfaitement reconnu par tous que la musique influence l’humeur, mais quelques musicothérapeutes vont beaucoup plus loin et estiment qu’elle est capable de soigner de nombreuses maladies. Selon leurs théories, la musique entrerait en résonance avec les oligoéléments de l’organisme ou bien agirait comme une dynamo pouvant vider (ou recharger) le corps en énergie selon les besoins.
Mais aucun partisan de ces thérapies ne s’est donné la peine de mettre en évidence – ne serait-ce que par de simples mesures – les phénomènes physiques invoqués. Certaines musiques peuvent avoir des effets bénéfiques dans le traitement des petites pathologies liées au stress.
La magnétothérapie
La magnétothérapie est une technique totalement étrangère aux manipulations des magnétiseurs. C’est une discipline médicale, introduite depuis quelques années en France, dont le but est de soulager les douleurs chroniques par l’application de petits aimants; elle peut être rapprochée de l’hypoalgésie obtenue par électropuncture. Elle permet de traiter surtout les lombalgies et les céphalées mais n’est pratiquée actuellement que dans quelques services spécialisés dans le traitement de la douleur. L’automédication est déconseillée: en effet, le lieu d’application des aimants est en général assez difficile à déterminer et nécessite la compétence d’un médecin spécialisé.
La naturopathie
C’est une thérapie globale qui s’appuie sur les liens supposés entre l’homme, la nature et le cosmos. La naturopathie est une philosophie autant thérapeutique que préventive. Elle regroupe plusieurs types de médecines douces (thermalisme, héliothérapie, diététique…) dont la base est l’utilisation d’éléments naturels ou la pratique de la relaxation (sophrologie…).
La vitaminothérapie et l’oligothérapie
Ces deux médecines expliquent l’apparition de toutes les maladies par des carences en vitamines et en oligoéléments qui provoqueraient un affaiblissement des défenses immunitaires. S’il est vrai que les Occidentaux ont une alimentation un peu déséquilibrée malgré les disponibilités alimentaires, les véritables troubles de la carence (scorbut, béribéri…) sont tout de même exceptionnels. D’autre part, les effets réels d’un déficit mineur ne sont pas encore bien connus, et, de toute façon, ces thérapies proposent rarement un dosage destiné à mettre en évidence la réalité d’un déficit. Il faut aussi noter que les produits vitaminés en vente libre sont accompagnés de notices incitant à une consommation de vitamines beaucoup plus importante que celle normalement recommandée. Au mieux, les surplus de vitamines ingérés sont simplement éliminés; au pire, ils peuvent créer des désordres métaboliques en cas de trop grande consommation.
L’héliothérapie
Le soleil est à l’origine de toute vie sur Terre. Pour les héliothérapeutes, il est donc forcément et intégralement bénéfique. D’où l’idée que les expositions prolongées au soleil doivent être capables de soigner toutes les maladies. Les rayons ultraviolets sont utilisés en médecine pour traiter avec succès certaines maladies de la peau, mais le soleil n’est certainement pas la panacée. On peut s’y exposer avec modération. Les adeptes du soleil doivent se protéger, pour éviter le dessèchement de la peau et surtout l’apparition de cancers.
La chromothérapie
Dans la chromothérapie, les rayonnements lumineux sont associés, en fonction de leur longueur d’onde et de leur couleur, à une énergie «chaude», «froide», «humide» ou «sèche». De leur côté, les maladies sont aussi associées à ces types d’énergie. Le raisonnement thérapeutique est le suivant: pour traiter une maladie, il suffit d’exposer le malade à une lumière de type contraire. Les varices et l’arthrose sont des affections de type « froid », elles sont donc soignées par une lumière rouge (chaude); les rides, de type « sec », régressent avec un bain de lumière bleue (humide). Les brûlures sont des affections « chaudes », elles sont traitées par une lumière orange (froide). Ces traitements, s’ils n’ont aucune efficacité, sont totalement indolores.
Autres médecines
L’aromathérapie est une pratique dérivée de la phytothérapie, mais qui se limite à l’utilisation des plantes aromatiques et d’huiles essentielles. Les huiles sont une concentration des principes actifs contenus dans les plantes. Une automédication intempestive peut donc conduire à des résultats dramatiques.
La médecine zodiacale part du principe que la date de naissance rend l’individu plus vulnérable à l’attaque de certains microbes en fonction de l’influence des planètes et des étoiles. Si l’on est convaincu que Mars et Jupiter peuvent influencer une carrière professionnelle, tout est possible.
L’auriculothérapie est un dérivé occidental de l’acupuncture, pour lequel tous les maux peuvent être traités au niveau de l’oreille. L’arrêt de la consommation tabagique est devenu son «accroche marketing» préférée.
L’iridologie n’est pas une méthode de traitement, mais plutôt une démarche diagnostique. Pour les iridologues, l’état de l’iris reflète directement la nature et la cause d’une maladie, mais ils ne donnent pas d’explication convaincante.
La biothérapie est issue de l’homéopathie, dont elle reprend la technique des dilutions, mais elle a introduit l’utilisation de nouvelles matières premières (jeunes bourgeons, extraits glandulaires, tissus embryonnaires…).
Quelques bons vivants ont imaginé pouvoir guérir par les vins, boissons des dieux, et par les spiritueux. On trouve ainsi des guides d’utilisation des grands crus ou des nombreuses variétés de whisky en fonction des pathologies. Malheureusement, ils ne proposent rien contre l’alcoolisme ou la cirrhose. Cela dit, des enquêtes épidémiologiques très sérieuses ont montré que les personnes consommant régulièrement de petites quantités d’alcool avaient une espérance de vie plus longue que les irréductibles abstinents. Cet effet est sans doute dû aux propriétés anxiolytiques de l’alcool, qui ménage ainsi le système cardio-vasculaire.
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