Faire du seva, le don de soi, en ermitage ou dans une communauté : dimensions, motivations et défis. Petite incursion dans ce genre de volontariat.
Afin d’expérimenter le dévouement, l’entraide, l’humilité et l’altruisme, certaines personnes embrassent les causes humanitaires, choisissent de donner, souvent dans le cadre d’une retraite, un peu de temps à leurs pairs ou à une communauté. Seva, qui signifie littéralement en sikh « volontaire », s’avère une valeur importante dans la culture spirituelle indienne.
Le seva : communautaire ou spirituel
De plus en plus d’Occidentaux s’adonnent à cette sorte de volontariat, le seva physique ou financier, qui se pratique habituellement dans les milieux spirituels, les centres de méditation, les écoles de yoga et les ashrams, centres retirés en pleine nature, dont l’origine remonte à des milliers d’années en Inde, en Chine et en Grèce antique.
Depuis des générations, les dévots, grâce à leur présence magnanime, aident à combler les besoins de leur milieu social ; ils soulagent les personnes en détresse, plantent des arbres, servent le langar (repas communautaire gratuit) tout en bénéficiant des enseignements traditionnels d’un maître spirituel et de l’énergie harmonieuse de l’ashram.
Le Centre International L’Art de vivre
Sri Sri Ravi Shankar a créé en 1982 le Centre International l’Art de vivre, un organisme humanitaire très impliqué mondialement dans les communautés locales et qui envoie des volontaires aux quatre coins du globe dans les écoles, les prisons, les endroits fragilisés par la guerre, la maladie et les catastrophes naturelles. Ce guide spirituel indien affirme que « notre engagement le plus important dans le monde est de servir ».
L’une de ses filiales, située en plein coeur de la Mauricie, région touristique du Québec riche en espaces verts, organise régulièrement des stages, des sessions de seva à court et à long terme, des fins de semaine où des bénévoles se consacrent à diverses tâches telles le jardinage biologique, l’aménagement paysager, l’entretien ménager et la préparation des repas, le tout, dans une atmosphère de coopération et de fraternité.
Le Centre se transforme aussi en camp de vacances. Toute la famille peut, à l’instar de ces retraites, profiter d’une foule d’activités : stages de permaculture intensif l’été, programmes destinés aux jeunes, massothérapie, cours de yoga, cours de cuisine ayurvédique, baignade en saison.
Discipline et simplicité pour un meilleur seva
Véritable oasis de paix tout désigné pour les sevadars (personne qui fait du seva), lorsque le volontaire fait du seva dans un ashram, il doit observer, la plupart du temps, un horaire très strict afin de profiter au maximum des bienfaits spirituels : lever dès l’aube, exercices de yoga (s’il y a lieu), seva, repas pris en silence, chants sacrés, méditations et satsangs (du sanskrit Sat, vérité et Sanga, compagnie, lecture, vidéos axées sur la connaissance).
Sacrifices, générosité, écoute, simplicité jumelés à l’effort sont les qualités exigées d’un bon sevadar. Le seva physique diminue l’ego. La condescendance et le jugement s’épuisent dans le service désintéressé. S’agenouiller, se mettre à quatre pattes, se salir, le travail collectif sans compensation efface presque les hiérarchies sociales. Et selon certaines traditions spirituelles, le seva physique libère les souffrances, le mauvais karma.
Se recueillir, prendre un temps pour soi, retrouver sa sérénité, partager, grandir. Observer le silence (le mauna), réciter mentalement un mantra (du sanskrit manas, outil de l’esprit et tra, protection, formule, sons répétés plusieurs fois) augmentent la concentration sur le travail à accomplir, éloignent le sevadar des distractions extérieures et l’aident à habiter le moment présent.
Ekhart Tolle, écrivain et enseignant spirituel, parle de l’attention perceptive, de la conscience de soi et du sens de l’écoute dans son livre Le pouvoir du moment présent .
Les récompenses du service désintéressé
Les motivations pour s’occuper des autres, dans un cadre spirituel ou laïc sont toujours valorisantes : l’accomplissement de soi, l’investissement dans un travail bien fait, l’attente d’une guérison, le goût du partage, la compassion. Au bout du compte, les deux parties y gagnent.
Le site web du Centre International L’Art de vivre est le suivant : www.center.artofliving.ca