Si la psychanalyse considère que ce que nous sommes prend sa source dans notre enfance, ses conceptions évoluent et s’adaptent dans le temps.
L’appropriation de nos complexes participe à la construction de notre personnalité. Concepts psychanalytiques conçus par Freud et Jung, les complexes d’Oedipe et d’Electre feraient partie de notre enfance. La façon de les vivre et les traverser aurait une incidence sur ce que nous devenons. Ils participeraient à faire de nous des êtres sexués et auraient une incidence sur notre vie relationnelle. Non résolus, ils perdureraient dans l’inconscient et pourraient être facteurs de névroses. Ces complexes psychanalytiques sont parfois contestés dans l’environnement social actuel qui voit se développer des formes nouvelles de la famille. De nombreux psychanalystes tentent d’aménager la notion théorique de complexe d’Œdipe aux cas de figure où l’autorité paternelle s’avère absente, intermittente, ou partagée entre plusieurs « pères ».
Complexes d’Oedipe et d’Electre
Défini par Freud, le complexe d’Oedipe désigne un attachement érotique du garçon à sa mère entre 3 et 6 ans. Cet attachement crée alors une rivalité avec le père que le garçon rêve d’évincer tout en l’admirant et en ayant envie de lui ressembler.
Jung a conçu le complexe d’Electre pour traduire la situation parallèle vécue par la fille, amoureuse de son père, et en rivalité avec sa mère.
Mais Freud a contesté ce parallélisme entre les deux sexes. Selon lui, le désir et l’attirance initiaux pour la mère nourricière sont communs à la fille et au garçon. C’est un vécu différent du complexe de castration qui insuffle une évolution différente. L’angoisse de castration accompagne la découverte de la différence des sexes: le garçon a peur de perdre le pénis, la fille a un sentiment d’en avoir été privée. Selon la psychanalyse freudienne, c’est en résolvant les complexes de castration, d’Oedipe ou d’Electre, à l’adolescence notamment, que l’enfant peut s’identifier au parent de même sexe.
Les effets positifs de la résolution de l’Oedipe
Par l’expérience du complexe d’Oedipe, le garçon et la fille découvrent l’existence de deux identités sexuelles.Ils découvrent aussi la frustration:leurs désirs ne peuvent se manifester ouvertement ni se réaliser pleinement. Or toute vie sociale et psychique équilibrée nécessite la maîtrise de ses pulsions et l’acceptation de frustrations. L’expérience de la frustration se vit dès la plus tendre enfance. Aux parents et à l’entourage d’accompagner l’enfant dans ce vécu afin de le conduire à l’acceptation de ce fait. Des difficultés relationnelles naissent de la non-acceptation de la frustration.
Une mauvaise résolution d’Oedipe
Dans la résolution du complexe d’Oedipe, l’enfant doit renoncer à ses désirs incestueux, souvent inconscients, et non pas simplement les refouler. Les psychanalystes freudiens considèrent que ne pas le faire peut entrainer des névroses ou des problèmes relationnels.
Une mère agressive, envahissante, peut être castratrice; un père tyrannique également. Sentiments d’infériorité et de culpabilité, épanouissement sexuel entravé, peuvent naitre de la persistance du complexe de castration. Besoin angoissant d’être accepté et aimé par les autres, difficulté à aimer ou à se laisser aimer, peur d’affirmer sa personnalité, peur d’être adulte et de prendre des responsabilités, besoin exagéré d’indépendance ou de dépendance, sexualité refoulée…en sont quelques manifestations possibles. Mais présenter un ou plusieurs symptômes ne signifie pas pour autant que l’on souffre d’angoisse de castration.
Se construire avec un parent isolé
De nos jours, dans une société où la cellule familiale évolue, la psychanalyse tend à préciser qu’en l’absence du parent de sexe opposé, la présence d’une tierce personne vers laquelle le parent présent oriente son désir permet à l’enfant d’acquérir son autonomie. En l’absence de tiers, le parent présent doit avoir des centres d’intérêts qu’il vit sans son enfant.
Seul avec sa mère, l’enfant peut trouver des références masculines dans son environnement.Seul avec son père, l’enfant peut trouver des références féminines dans son environnement.
Oedipe et Electre, une origine mythologique
Voici, pour terminer de manière anecdotique, l’histoire d’Oedipe et d’Electre qui appartiennent à la mythologie grecque. On peut y voir une anecdote ou se demander si l’inconscient individuel n’est pas marqué par l »inconscient collectif…
Oedipe, fils du roi de Thèbes, fut éloigné de ses parents à sa naissance pour échapper à un oracle prédisant qu’il tuerait son père et épouserait sa mère. Mais son destin le rattrapa. Devenu adulte, il se querella avec un inconnu qu’il tua …sans savoir qu’il s’agissait de son père.C’est parce qu’il réussit à libérer la ville du Sphynx que les thébains offrirent la reine Jocastre en mariage à Oedipe. En découvrant qu’il avait épousé sa propre mère, Oedipe se creva les yeux et s’exila.
Electre, fille d’Agamemnon, vouait un amour passionné à son père. Cet amour la poussa à tuer sa mère qui avait incité son amant à assassiner son mari, le roi.
C’est une pensée de l’abbé Pierre qui clora cet article: « C’est tellement complexe un homme et jusqu’au dernier instant tellement inachevé. »