Séniors

Petits et grands maux de la peau âgée

De la démangeaison au cancer, voici le panorama des maux qui affectent notre peau avec l’âge. La peau devient de plus en plus sèche surtout en hiver. Ceci a pour conséquence de provoquer des démangeaisons au niveau des membres et du tronc (« prurit sénile ») occasionnant parfois des lésions de grattage.

Les rides

Au niveau du visage, la peau devient flasque, affaissée, rugueuse, épaissie, les pores sont dilatés. Les rides des zones exposées au soleil sont volontiers profondes, multiples : rides de la patte d’oie, de la lèvre supérieure, rides affaissant le bas du visage, alourdissant les paupières. Sur le corps, les rides sont plus fines, la peau est amincie (en pelure d’oignon).

Au niveau des pommettes et des tempes, l’« élastoïdose nodulaire à kystes et à comédons » est composée de volumineux points noirs (comédons), de papules jaunes, de kystes et parfois d’hyperpilosité. Elle serait plus fréquente chez les fumeurs.

Au niveau du front, de petites papules jaunâtres ou translucides peuvent se former.

Au niveau de la nuque, chez les personnes à peau claire et très exposées au soleil en raison de leur profession (agriculteurs, marins…), la peau devient épaisse, jaunâtre et quadrillée.

Au niveau des faces latérales du cou et du décolleté, l’ « érythrosis interfollicularis coli » est fréquent à partir de 50 ans. Il s’agit de rougeurs diffuses parsemées de micropapules blanchâtres et de petits vaisseaux dilatés (télangiectasies) épargnant la région sous mentonnière. L’aspect est de « chair de poule permanente »….

Le purpura sénile traduit la fragilité des vaisseaux sanguins. Des taches violacées apparaissent spontanément ou suite à des microtraumatismes sur le dos des mains et des avant-bras. Elles disparaissent ensuite laissant parfois des petites cicatrices blanches. Aucun bilan biologique n’est nécessaire. D’autres modifications des vaisseaux sont fréquentes : les  » taches rubis » sont de petits angiomes bien rouges apparaissant au fur et à mesure particulièrement sur le tronc, source injustifiée d’inquiétude…

Les troubles pigmentaires sont également très courants suscitant beaucoup de demande de traitements:

  • le nombre de grains de beauté (naevus) diminue progressivement après 50 ans.
  • les lentigos sont des taches brunes ou jaunes qui siègent surtout sur les régions photoexposées (visage, dos des mains, décolleté). Leur aspect inesthétique est surtout la preuve flagrante du vieillissement dans l’esprit des gens ( » fleurs de cimetière »….). En réalité, ils peuvent survenir assez tôt dans la vie en cas d’abus du soleil pendant des années.
  • L’ »hypomélanose en gouttes idiopathique » est un ensemble de petites taches blanchâtres siégeant sur les bras et surtout les jambes. Elle atteint surtout les femmes qui s’exposent beaucoup au soleil
  • La mélanose de Dubreuil est une plaque brune de plusieurs couleurs, de taille variable et siégeant volontiers sur le visage. Son apparition nécessite une consultation car il y a un risque faible mais bien réel de transformation cancéreuse.

Les phanères subissent également des modifications :

  • les cheveux et les poils deviennent gris puis blancs en raison de la baisse du nombre de cellules pigmentaires et de la quantité de pigment .Ils se raréfient mais de manière inégale selon les individus. La génétique y joue beaucoup.
  • Les ongles deviennent cassants et striés.

Tumeurs bénignes et malignes de la peau de la personne âgée

Avec l’âge, certaines tumeurs cutanées deviennent de plus en plus fréquentes :

Tumeurs cutanées bénignes

  • les adénomes sébacés sont de petites lésions jaunâtres du visage avec une mini-dépression centrale.
  • -Les molluscums pendulums sont de petites lésions en relief de couleur peau normale siégeant en nombre variable surtout au niveau de la base du cou et des aisselles. Gênant parfois le port de colliers ou de foulards, ils peuvent être facilement extirpés sans que ce soit obligatoire
  • Les verrues ou kératoses séborrhéiques sont de banales élevures jaunes ou brunes voire grises, plus ou moins grasses, parfois croûteuses apparaissant généralement après la trentaine. N’importe quelle région du corps peut être concernée (particulièrement le tronc) sauf les muqueuses. Malgré leur nom, elles ne sont pas virales. On ne les traite que pour un motif esthétique.
  • Les kératoses actiniques sont des croûtes très adhérentes prédominant sur les régions photoexposées: visage, cuir chevelu chez les hommes présentant une calvitie, dos des mains voire sur les avant-bras. Ces lésions doivent impérativement être retirées car elles peuvent à la longue se transformer en cancer cutané.

Tumeurs cutanées malignes

Certains cancers cutanés surviennent davantage chez le sujet âgé. De manière générale, toute lésion, hormis celles mentionnées précédemment, en particulier papulo-croûteuse ou saignotante ou croûteuse,qui « traine » et qui ne guérit pas doit faire consulter.

  • les épithéliomas baso-cellulaires, les plus fréquents, siègent surtout sur les régions photo-exposées (rôle carcinogène des UV en particulier des UVB).Leur agressivité est essentiellement locale: ils peuvent en cas de non traitement chirurgical détruire le tissu sous-jacent mais une fois qu’ils sont retirés, la guérison est complète.
  • les épithéliomas spino-cellulaires apparaissent soit d’emblée sur une peau saine soit compliquent une lésion pré-existante comme les kératoses actiniques. Dans ce cas, la malignité peut être locorégionale et il y a un risque théorique de métastases en cas de persistance de la tumeur dans la peau.
  • les mélanomes du sujet âgé, tumeurs graves mais plus rares que les précédentes, surviennent volontiers sur la mélanose de Dubreuil. Leur pronostic est alors meilleur que celui des autres mélanomes.

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