Ceux qui n’ont jamais souffert de migraines ne peuvent comprendre l’enfer que cela représente. Mais tout espoir n’est pas perdu pour atténuer les crises.
Les chiffres sont hallucinants : 12 % de la population française souffrent de migraine. Un quart des femmes de 30 à 39 ans. Ces migraines représentent 18 millions de jours d’arrêt de travail. La migraine peut donc être considérée comme une vraie maladie, bien mal comprise pourtant par tous ceux qui n’en ont jamais souffert. Maladie invalidante à part entière car, durant les crises, les migraineux ne peuvent absolument rien faire d’autre… qu’avoir mal et chercher à atténuer leur malaise.
Migraine ou mal de tête ?
Tout le monde a eu un jour mal à la tête. Tempe douloureuse, nuque et base du crâne douloureux… Un comprimé d’antalgique suffit souvent à mettre fin à la douleur ou à l’atténuer suffisamment pour poursuivre ses activités.
La migraine présente des symptômes différents :
- La fréquence : la migraine est une maladie chronique. Elle revient régulièrement et dure presque toute la vie.
- Elle est précédée par un malaise général : sensation de sommeil, vertiges, nausées, muscles oculaires fatigués.
- La douleur s’empare d’une moitié de crâne seulement et semble suivre toutes les aspérités osseuses du visage (arcades sourcilières, pommettes, mâchoires…).
- Les antalgiques n’ont souvent aucun effet, si ce n’est d’aggraver les nausées ou de provoquer des vomissements.
- La crise évolue selon un processus identique à chaque fois et dure souvent 24 heures minimum.
- Durant la crise, le patient ne peut rien faire : ni supporter de lumière, ni écouter une conversation, ni parler, il ne peut qu’aller se coucher en comprimant la zone douloureuse par une main, un bras…
Les causes de la migraine
La douleur est provoquée par une dilatation des vaisseaux sanguins intracrâniens, sous l’action de la sérotonine (agent chimique sécrété sous l’influence du stress, d’un aliment, ou des hormones). Quant à savoir pourquoi cette sérotonine est libérée chez certaines personnes et pas chez d’autres, cela reste encore un terrain plein de questionnements pour la médecine. L’hérédité entre en jeu certainement : il y a des familles de migraineux.
L’alimentation est un facteur important, malheureusement, peu de patients cherchent la relation entre certains aliments et leur crise de migraine. Cela pourrait pourtant leur faciliter la vie. Le chocolat, le vin blanc (les sulfites) sont souvent évoqués, mais il y a aussi les œufs, le glutamate (épaississant alimentaire), les produits laitiers, enfin beaucoup d’autres aliments susceptibles de provoquer des migraines.
Les variations hormonales au moment des règles sont bien connues pour déclencher des migraines. Durant les grossesses ou après 50 ans, les migraines disparaissent le plus souvent.
Il existe, pour chacun, des facteurs aggravant différents : fumée de cigarettes, vent, froid, chaleur, odeurs, parfums, stress, tension musculaire…
Le traitement des crises de migraine
Les migraineux ont souvent un sourire gentiment moqueur pour ceux qui leur proposent des méthodes « douces », ces derniers bien souvent n’ayant aucune idée de ce qu’est une vraie migraine. En effet, ils ont souvent tout essayé, mais pratiquement tous en viennent à cette conclusion qu’à un « mal de chien », rien d’autre qu’un « remède de cheval » ne peut convenir. Les médecines douces peuvent être utilisées à bon escient en traitement de fond pour le stress, la fatigue, mais elles n’ont pas de résultats probants en pleine crise.
Le meilleur traitement « de cheval » que la médecine ait trouvé ces dix dernières années, c’est le triptan : une molécule qui n’agit pas sur la douleur, mais sur le processus de dilatation veineuse. Les triptans agissent donc sur la cause, et non sur le symptôme. Ces triptans existent sous la forme de comprimés, de comprimés orodispersibles ou de spray nasal. Ils sont généralement efficaces chez tous les patients. Ils doivent être cependant pris sous contrôle médical, et il est utile d’en essayer plusieurs avant de trouver celui qui « marche » le mieux. Leurs effets secondaires peuvent être assez sérieux : fourmillements, crampes musculaires sur le visage ou les membres, somnolence… et leur condition d’utilisation très surveillée (notamment dans leur association avec d’autres médicaments).
Dans le cas des migraines « hormonales », un traitement de fond peut être appliqué, ou la prise de pilule prescrite par le médecin, ou un changement de pilule si nécessaire.
Surveiller son alimentation et consulter
Les migraineux devraient étudier systématiquement l’éventuelle relation entre la crise de migraine et ce qu’ils ont mangé la veille. Savoir que l’élimination d’un aliment peut suffire à faire disparaître les crises vaut bien cet effort de tenir un journal alimentaire, au jour le jour, durant plusieurs semaines ou mois.
80 % des migraineux n’ont jamais consulté un médecin. Pourtant, de grands progrès ont été faits dans le traitement de la migraine et il est dommage de s’en priver. Certains hôpitaux possèdent même aujourd’hui leur service dédié à la migraine. Un gros progrès et un grand espoir pour les migraineux.