Mais loin de cette vision cinématographique, le syndrome d’Asperger est un trouble envahissant du développement (TED) reconnu et classifié par le DSM IV, la « bible » des critères de diagnostics internationaux des troubles psychiques.
Qu’est-ce que le syndrome d’Asperger ?
C’est en 1944 que le psychiatre autrichien Hans Asperger a établi, pour la première fois, les troubles bien précis qu’il a regroupés sous le syndrome qui a pris son nom et qualifié d’« autisme de haut niveau ». La personne atteinte du syndrome d’Asperger souffre de difficultés de communication et dans les rapports sociaux. Elle a souvent un comportement répétitif, des intérêts et des activités spécifiques.
A quoi reconnaît-on un syndrome d’Asperger ?
- perfectionnisme
- sensibilité aux détails
- grand respect des règles
- pensée analytique, autre forme d’intelligence, logique indéniable
- mémoire extraordinaire
- objectivité et honnêteté
- résistance au changement
- grandes difficultés à faire un choix
- détachement des affects et des émotions
- isolement social et affectif, difficultés d’adaptation sociales
Telles sont les grandes caractéristiques du syndrome d’Asperger.
Asperger : inadéquation avec le monde extérieur et isolement affectif
Comme pour chacun d’entre nous, le corps, le cerveau, les cinq sens de la personne « Asperger » reçoivent des informations mais il y a ensuite un problème d’interprétation, par le cerveau, de ces informations : la personne décode mal la vie, l’environnement, les relations sociales, en général.
Elle souffre généralement d’une hypersensibilité sensorielle et se trouve littéralement démunie et submergée devant les informations que lui donnent ses sens, car le cerveau ne parvient pas à les interpréter.
Asperger et le langage imagé ou non verbal
La personne « Asperger » a également une communication non verbale très limitée et montre peu ou pas d’expressions gestuelles ou faciales. Elle n’utilise pas de façon adéquate les informations que son cerveau a reçues. Elle a beaucoup de mal à comprendre les subtilités du langage, comme l’humour et l’ironie, ou le langage imagé. Ne lui dites jamais, par exemple : « Tu donnes ta langue au chat ? » Le langage poétique, imagé et le monde des romans lui sont incompréhensibles. En revanche, les chiffres constituent son domaine de prédilection car il n’y a pas d’affect. Sa mémoire est, dans ce domaine, impressionnante.
Les problèmes d’intégration sociale
Nous comprenons bien que la personne « Asperger », au vu de ces quelques éléments, souffre d’une altération des interactions sociales, à cause de ses difficultés de décodage du monde extérieur. Elle a également du mal à comprendre les règles sociales et se retrouve souvent isolée. Elle a beaucoup de mal à nouer des contacts, à se faire des amis.
La résistance au changement et à la nouveauté
La résistance au changement est l’un des symptômes que l’on retrouve très fréquemment chez la personne « Asperger ». En raison de ses difficultés à interpréter les signes et le langage non verbal de son environnement, elle attache beaucoup d’importance à la routine, aux habitudes. Comme elle a beaucoup de mal à s’adapter à toute nouveauté en raison des difficultés d’interprétation déjà évoquées, elle est sujette à l’angoisse et peut adopter des comportements obsessionnels pour ritualiser les conduites routinières qui la rassurent.
Comment repérer les premiers signes d’autisme ou d’Asperger chez un enfant
Il y a certains signes que l’on peut repérer chez un enfant avant trois ans et qui peuvent aider à suspecter un TED, autisme ou Asperger :
- l’enfant fait peu de tentatives pour communiquer, peu de mimiques, peu de gestes, peu de sons
- l’enfant ne réagit pas aux bruits, à la voix : il semble sourd
- l’enfant ne suit pas des yeux, on a du mal à croiser son regard
- l’enfant n’adapte pas sa posture quand on le prend dans les bras
- l’enfant semble indifférent aux personnes et au monde extérieur
- l’enfant ne sourit pas
- l’enfant présente des troubles importants du sommeil et de l’alimentation
Repérer l’« Asperger », méthodes, traitements, espoirs
En général, on observe que le début des troubles se situe avant l’âge de trois ans. Chez certains enfants, les indices d’un TED peuvent être repérés dès la naissance ou au cours de la première année. Parfois, les premiers signes n’apparaissent que pendant la deuxième ou la troisième année. Notons aussi que ce syndrome affecte beaucoup plus les garçons que les filles, pour des raisons encore inconnues.
Parmi les méthodes qui offrent beaucoup d’espoir, notons la méthode ABA, (Applied behavior analysis), ou analyse appliquée du comportement, qui propose des outils pour aider l’enfant à adapter son comportement.
Citons également la méthode du PECS : c’est un système visuel qui a pour but d’apprendre aux enfants souffrant de troubles de la communication à s’exprimer ou à faire des demandes. Ce système peut aider les enfants découragés, car ne parvenant pas à utiliser le langage verbal, à renouer la communication.
Quelques personnes « Asperger » célèbres
Dans le monde « réel », nous pouvons trouver de nombreuses personnes atteintes du syndrome d’Asperger. Citons, par exemple : Albert Einstein, Bartok, Glenn Gould, Michel-Ange, George Lucas (Star Wars), Ludwig Wittgenstein (philosophe), Bill Gates…
Dans le monde « fictif », citons : Lisbeth Salander de Millenium, Dr. Virgina Dixon dans la saison 5 de Grey’s Anatomy, le professeur Tournesol dans Tintin… Le Dr. James Wilson, dans la série Dr. House, évoque l’hypothèse que House lui-même soit atteint d’Asperger…
Références :
Sur le syndrome d’Asperger et ses traitements : Aspergeraide.com
Vivre avec le syndrome d’Asperger, un handicap invisible au quotidien, deLiane Holliday, éditions De Boeck Université, 2008.