Connue depuis l’Antiquité, la goutte touche en majorité les hommes. Cette maladie se manifeste par des inflammations essentiellement au niveau des articulations et résulte d’un excès d’acide urique dû à la dégradation des purines issues entre autres de l’alimentation.
Cette maladie était devenue rare au début du 20 ème siècle, puis elle est revenue. La goutte affecterait, selon les chercheurs américains, 7 % des hommes de plus de 65 ans et 3 % des femmes de plus de 85 ans. Ce qui relance la recherche sur les facteurs responsables. L’un d’entre eux, le fructose, fait une entrée remarquée, car il correspond à une modification des habitudes alimentaires apparue depuis quelques décennies.
Trop de viande, alcool, obésité… : oui mais pas seulement !
Traditionnellement, on met en cause la viande. Qu’il s’agisse de viande rouge, blanche ou de poisson, l’effet serait d’ailleurs le même dès qu’il y a excès. On évoque aussi l’alcool. Alors que la consommation modérée de vin semble inoffensive, on regarde surtout aujourd’hui vers la bière et les alcools forts. Néanmoins, remarquent les chercheurs [1], on boit de l’alcool depuis des millénaires. Il ne serait pas responsable de la récente réapparition de la goutte.
Contre cette maladie, le premier réflexe est de faire la chasse aux purines provenant des aliments. Car c’est la dégradation des purines qui peut entraîner l’excès d’acide urique dans le sang (hyperuricémie). Et la formation de cristaux qui vont se stocker dans les articulations et provoquer des douleurs. Problème : seulement environ un tiers des purines proviennent des aliments. Les deux autres tiers sont fabriqués par l’organisme. Or, entre autres facteurs, le fructose intervient dans cette fabrication par des mécanismes biologiques complexes. Il serait en partie responsable de la surproduction d’acide urique.
Les boissons au fructose montrées du doigt
Les études prospectives [2,3] menées chez pas moins de 46393 professionnels de santé (masculins) et 78906 infirmières montrent que l’incidence de l’hyperuricémie et de la goutte est directement corrélée à la consommation de soft drinks au fructose, mais pas à celle de sodas sans sucre. Aux Etats-Unis, on a assisté ces 30 dernières années à l’augmentation de la consommation de fructose. Et parallèlement à l’augmentation de l’incidence de la goutte et de l’obésité. L’obésité étant elle-même un facteur de risque de goutte…
Café et produits laitiers sont bénéfiques
On ignore enfin le plus souvent l’existence de deux aliments salutaires : le café et les produits laitiers. Tous deux ont été associés, dans de grandes études prospectives, à une diminution significative des taux sanguins d’acide urique [4,5]. Les produits laitiers sont aussi crédités d’un effet anti-inflammatoire, d’où un bénéfice supplémentaire. Les amateurs de café au lait mettent toutes les chances de leur côté !
Contre la goutte, les conseils des chercheurs
- ne pas faire d’excès de viande ;
- se méfier de la bière et des alcools forts (vin avec modération) ;
- éviter les jeûnes ;
- limiter les boissons au fructose ;
- boire du café ;
- consommer du lait et des produits laitiers.
Références
- Kedar E, Simkin PA. Adv Chronic Kidney Dis 2012 ;19(6) :392-397.
- Choi H, et al. BMJ 2008 ;336 :309-312.
- Choi H, et al. J Am Med Assoc. 2010;304:2270-2278.
- Saag K,et al. Arthritis Res Ther 2006;8(suppl 1):S2.
- Choi H, et al. N Engl J Med 2004;350:1093-1103.
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