A l’école, votre enfant est du genre bagarreur, prompt à régler ses différents avec les autres à coups de poings, de pieds, de morsures… Un vrai chat sauvage ! Ce n’est pas faute, pourtant, de lui répéter qu’un tel comportement « c’est pas bien », et qu’il peut s’exprimer en maniant les mots plutôt que les tapes. Alors, où est le problème ?
Quelques pistes de réflexion avec Yves Tyrode, psychiatre, psychanalyste, et co-auteur avec Stéphane Bourcet de » La violence dans la vie de votre enfant » (Albin Michel).
Comment s’exprime à l’école la violence de l’enfant ?
Elle n’est pas seulement physique, avec les coups ; elle est aussi verbale, avec des cris, des insultes. C’est sans doute le plus difficile à vivre pour l’enseignant car, en classe, le niveau sonore monte si vite qu’il devient presque incontrôlable. Bien des instituteurs se plaignent d’une agitation croissante de leurs petits élèves.
Est-ce qu’on ne confond pas enfant agressif et enfant turbulent ?
Cela dépend du regard et de la tolérance de l’adulte sur le comportement de l’enfant : certains le trouveront « agité » et d’autres « agressif » . Ce qu’il faut arriver à repérer c’est si ces manifestations dites agressives surviennent aussi à la maison et dans quelles circonstances, si elles sont isolées ou répétées, etc. Brosser un « état des lieux » permet de mieux évaluer la part de l’agitation, celle de la violence, et de chercher ensuite ce que peut éventuellement cacher celle-ci.
A quoi peut-elle être due ?
Chez le jeune enfant, l’agressivité est naturelle, d’autant que les enfants s’imitent les uns les autres. La violence peut être un simple effet de mimétisme faisant partie d’un système de jeu qui leur permet de se tester entre eux (particulièrement chez les garçons qui sont davantage dans la compétition). Il ne faut pas pour autant qu’elle devienne un mode d’expression !
A côté de cela, elle peut être l’indice d’un problème d’hyperactivité ou d’une angoisse chez l’enfant, liée par exemple à une situation familiale difficile, à l’arrivée d’un nouveau bébé, à un décès… On peut aussi évoquer un mode de fonctionnement familial que reproduit l’enfant à l’école. Il y a des familles, par exemple, où le bruits, l’agitation, les disputes entre frères et sœurs, sont tolérés, et où, éventuellement, les punitions corporelles font partie du mode éducatif.
Que peut-on faire ?
C’est le problème de ses parents et non de l’instituteur, même s’il est bien d’en discuter avec lui pour avoir une vue plus large et complète de l’attitude de l’enfant. Mais sans prendre le parti de celui-ci. L’enfant n’a pas besoin que ses parents se mettent dans son camp, mais qu’ils gardent leur place d’adultes. Après, il faut ouvrir le dialogue, essayer de comprendre ce qui se passe dans la tête de l’enfant avant de lui expliquer pourquoi son comportement n’est pas acceptable. Il faut aussi voir si, de son côté, on ne lui fait pas trop peser notre stress, notre agressivité, ou un manque de disponibilité. Un petit conseil : jouez avec votre enfant. C’est un bon moyen pour, entre autres, canaliser son énergie et son agressivité.
Isabelle Bauer est journaliste indépendante spécialisée dans la presse parentale. Elle est également rédactrice et travaille pour plusieurs maisons d’éditions parisiennes, dans les domaines « psychologie » et « sciences humaines ». |