L’Ayurveda : Origine
La plus importante des médecines traditionnelles indiennes se nomme Ayurveda – terme sanskrit signifiant «science de la vie» –, car elle se rattache aux textes sacrés, les Veda. Ses origines remontent à l’an 1000 av. J.-C., mais elle a pris sa forme actuelle entre le Ve siècle av. J.-C. et le Ve siècle apr. J.-C. Intimement liée à la tradition religieuse hindoue, elle a toujours de nombreux adeptes dans l’Inde moderne, où elle bénéficie d’un soutien gouvernemental, et est enseignée dans des écoles qui respectent un cursus déterminé et délivrent des diplômes (certains de ces établissements sont même intégrés dans des universités, coexistant parfois avec une faculté de médecine moderne).
Comme la plupart des médecines traditionnelles d’Asie, l’Ayurveda est fondée sur des théories humorales. Le corps humain est considéré comme un microcosme, et les trois humeurs vitales – à savoir le vent, la bile et le flegme (du mot grec signifiant «humeur», et désignant la lymphe dans la médecine ancienne) – produisent les sept substances du corps: les os, la chair, la graisse, le sang, la semence, la moelle et le chyle. La santé dépend de l’équilibre entre ces humeurs, et la maladie résulte de sa perturbation. Le point d’équilibre varie suivant l’âge, le sexe et le tempérament de la personne, mais aussi en fonction de son alimentation et de la nature de ses activités quotidiennes, voire en fonction du climat.
Les textes fondamentaux de la médecine ayurvédique recèlent, selon les conceptions traditionnelles, les moyens de vivre en bonne santé jusqu’à un âge avancé, la première condition étant de suivre un régime alimentaire et de respecter une règle de vie. Les maladies sont en principe d’origine naturelle; aussi le médecin ayurvédique doit-il avoir des compétences, des connaissances et une expérience étendues pour faire un diagnostic. Le traitement repose notamment sur l’utilisation de plantes médicinales et de parties d’animaux, sur des manipulations du patient et sur la modification de son régime alimentaire.
Mais l’Ayurveda, qui a suivi le développement de l’hindouisme, cesse pratiquement d’évoluer quand cette religion atteint son apogée. L’interdit religieux de disséquer des cadavres limite de manière décisive la connaissance de l’anatomie – ce qui n’empêche pas la chirurgie plastique indienne d’être sans rivale jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. Avec les progrès de la médecine classique, les médecins ayurvédiques se voient de plus en plus marginalisés, en dépit de leur professionnalisme croissant.
La médecine yunani
À côté de l’Ayurveda, il existe en Inde une autre branche importante de la médecine traditionnelle: la médecine yunani. Le terme qui la désigne, yunani, est un qualificatif signifiant «grecque». Ses origines remontent en effet à la Grèce antique par le biais de traductions en arabe et en persan notamment des textes du célèbre médecin grec Galien (131-201 apr. J.-C.), dont les théories ont été acceptées dans leur intégralité et constituent encore aujourd’hui ses références; elle s’est ensuite modifiée progressivement sous le poids de l’expérience accumulée par ses praticiens. La médecine yunani est encore pratiquée en Inde, ainsi que dans des régions où l’influence islamique est forte.
Conformément à la tradition méditerranéenne antique, cet art médical repose sur la doctrine des quatre humeurs: la bile, l’atrabile, le flegme et le sang. Ces dernières sont associées aux quatre qualités: la chaleur, le froid, l’humidité et la sécheresse. Les humeurs et les qualités étant en équilibre, la personne est en bonne santé. Mais si cette harmonie est perturbée, la maladie s’ensuit.
Comme dans le cas de l’Ayurveda, les progrès de la médecine yunani ont été limités par l’interdit de la dissection et de l’autopsie, mais elle apporte d’importantes innovations en pharmacologie. Tout à l’opposé des textes ayurvédiques, le corpus yunani regroupe une foison d’études de cas. La thérapie recourt à la médication par les contraires: une maladie «chaude» sera, par exemple, traitée en administrant un remède «froid». Les écoles yunanis ont des cursus bien établis, mais les médecins yunanis ne deviennent pas professionnels aussi rapidement que leurs confrères ayurvédiques. Les praticiens indiens, ayurvédiques ou yunanis, intègrent tous la médecine homéopathique dans leur éventail thérapeutique, car ils apprécient sa prédilection pour les décoctions de plantes médicinales.
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