Pour motiver les femmes à allaiter leur nouveau-né, on invoque généralement et à juste titre, la réduction des gastroentérites, des otites moyennes et de l’eczéma atopique dans les premières années de la vie de l’enfant « grâce » à ce mode d’alimentation.
Mais existe-t-il par ailleurs une relation entre l’allaitement au sein et les fonctions cognitives de l’enfant ? Certaines études ont déjà montré que l’allaitement maternel améliore le développement cognitif mais peu d’entre elles ont pris en compte des facteurs confondants importants tels que la durée de l’allaitement et son exclusivité. D’autre part aucune étude n’a évalué l’effet du régime alimentaire maternel pendant l’allaitement.
L’objectif de cette étude américaine prospective est d’examiner la relation, entre la durée de l’allaitement, de son exclusivité et de la consommation de poisson par la mère avec les fonctions cognitives de l’enfant à 3 et 7 ans. Elle se base sur le suivi de 1 312 femmes du projet Viva (USA) prises en charge dès avant leur accouchement entre 1999 et 2002. La durée de l’allaitement des nourrissons a été documentée jusqu’à l’âge de 12 mois. Les enfants ont été ensuite suivis jusqu’à l’âge de 7 ans.
Après ajustement aux paramètres sociodémographiques, au QI maternel et à l’environnement domestique, on constate que
la durée de l’allaitement est associée :
1) à un meilleur vocabulaire à 3 ans avec une augmentation du score du Peabody picture vocabulary test (0,21 points par mois d’allaitement ; intervalle de confiance à 95 % [IC] : 0,03-0,38)
2) à un meilleur QI évalué par le Kaufman Brief Intelligence Test à 7 ans (0,35 points par mois d’allaitement ; IC : 0,16-0,53 points pour l’intelligence verbale et 0,29 points par mois d’allaitement ; IC : 0,05-0,54 points pour l’intelligence non verbale). En d’autres termes un allaitement maternel d’un an ajoute environ 4 points au QI de l’enfant.
Il n’y avait pas de relation entre l’allaitement et les résultats de l’évaluation de la mémoire et du score d’apprentissage à 7 ans. Les capacités motrices visuelles à 3 ans (évalués par le Wide Range Assessment of Memory and Learning) semblent plus importantes quand la maman consommait 2 portions ou plus de poisson par semaine (0,24 points par mois d’allaitement ; IC : 0,00-0,47)
En conclusion ces résultats montrent une relation positive entre la durée de l’allaitement maternel et le vocabulaire réceptif ainsi que l’intelligence verbale et non verbale de l’enfant. La prise en compte du QI de la mère et du milieu familial parmi les facteurs confondants distingue cette étude des précédentes et en rend les conclusions plus valides, ces facteurs pouvant en effet influencer sensiblement les résultats.
Ce travail apporte un argument de plus pour stimuler les mamans à allaiter comme le préconise l’OMS et les sociétés médicales.
Source: Dr Rodi Courie (Belfort MB et coll. : Infant Feeding and Childhood Cognition at Ages 3 and 7 Years Effects of Breastfeeding Duration and Exclusivity. JAMAPediatr., 2013; 167: 836-844. doi:10.1001/jamapediatrics.2013.455.)