Psychologie

Psychologie : comment reconnaître un adulte surdoué ?

Psychologie : comment reconnaître un adulte surdoué ?
Psychologie : comment reconnaître un adulte surdoué ?
Psychologie : comment reconnaître un adulte surdoué ?

Les enseignants et les parents sont sensibilisés au sujet de la précocité et de son éventuel dépistage. Il devient même très à la mode de suspecter son chérubin d’être surdoué. Pas étonnant dans une société où la performance est devenue une valeur fondamentale.

La littérature sur l’enfant précoce abonde. Celle sur l’adulte en revanche est rare. Jeanne Siaud-Facchin, psychologue praticienne, spécialiste de la « surdouance », après avoir écrit sur l’enfant, s’est penchée sur l’adulte avec Trop intelligent pour être heureux? L’adulte surdoué (cette publication sera, avec l’expérience de l’auteure, la source de cet article).

Q.I, ou quotient intellectuel : un chiffre

La moyenne du QI se situe autour de 100 et un peu plus, car il progresse. Selon les tests de Wechsler, entre 115 et 130 on parle d’individu « doué ». Au delà des 130, on parle de « surdoué ». Ces chiffres sont déterminés par des tests, qui doivent (pour être exacts et signifiants) être menés par un psychologue ou un psychiatre. Ils évaluent plusieurs « types » d’intelligences, et tentent de faire une cartographie complète et personnelle de ce qu’est votre « intelligence ».

Les test de Q.I que vous trouverez sur internet sont hélas des impostures, dans le sens où il ne vous donneront pas un résultat réel (et, ce, même si certains donnent des indices).

Que faire de ce chiffre ? Que dit-il ? Rien, mis à part que l’individu possède un potentiel… à réaliser. Et qu’il aura des facilités, dans certains domaines, dans certaines situations… Le chiffre n’est rien à lui seul.

Surdoué, au delà du Q.I, un fonctionnement à part

Le surdoué serait donc un favorisé. Une bonne fée se serait penchée sur son berceau pour lui donner une intelligence hors des normes courantes. La publication de Jeanne Siaud-Facchin, éclaire enfin d’un nouveau jour ce qu’est être surdoué. Non, tous les surdoués ne sont pas ingénieurs au CNRS ou chercheurs à l’INSERM… Il n’y a pas d’effet de cause-conséquence mécanique et implacable. Car un surdoué, avant d’être une intelligence hors des normes, c’est un fonctionnement de pensée hors des normes.

 

  • Un fonctionnement de pensée en arborescence: le surdoué pense concrètement (quasi physiologiquement) différemment. D’une idée jaillissent des dizaines, centaines, de branches, de liens, de connexions et, ce, de manière totalement désorganisée et incontrôlable. Le surdoué en a plein la tête et vit une sorte de sur-régime de la pensée.
  • Un fonctionnement de pensée permanent: « Ceux qui pensent que l’intelligence a quelque noblesse n’en ont certainement pas assez pour se rendre compte que ce n’est qu’une malédiction » (Martin Page). L’incapacité du surdoué à mettre son cerveau en pause, en repos, en paix aussi, est une caractéristique souvent évoquée dans les cabinets des psychologues… L’hyper-fonctionnement intellectuel, s’il est un don, a son revers.
  • Un fonctionnement de pensée à grande vitesse: la rapidité des connexions, des associations d’idées, s’effectuent en deçà du seuil du conscient. On croira le surdoué intuitif. Il aura la réponse à un problème sans pouvoir expliquer pourquoi et comment. Pourtant le cheminement, les étapes de résolutions du problème se seront effectuées par-devers lui… Mais dans la vie, professionnelle ou personnelle, on ne peut pas dire « c’est la solution, je ne peux pas expliquer pourquoi, mais je le sais ».

Le surdoué n’est en fait pas plus intelligent… il est différemment intelligent. Et ces différences ne sont pas que des atouts. Inutile d’être grand clerc pour deviner que ces fonctionnement de pensée conditionnent aussi la personnalité du surdoué. 

Surdoué, une personnalité complexe

Qu’on soit « diagnostiqué » ou pas, il est bien évident que la « surdouance » n’implique pas que la vie intellectuelle de celui que Jeanne Siaud-Facchin appelle le « zèbre » (pour éviter tout le poids que contient le mot « surdoué », mot qui oblige à la réussite!).

 

  • L’estime de soi basse : en grande majorité (si l’on en croit les études cliniques encore récentes), les surdoués ont une image d’eux-mêmes déplorable et ne croient pas à leur propre intelligence, même chiffres à l’appui.
  • L’hypersensibilité : l’intelligence hors norme irait donc de paire avec une sensibilité exacerbée. Le surdoué a significativement et extraordinairement besoin de bienveillance, de valorisation, de compréhension, et d’amour.
  • La culpabilité : savoir ou sentir son potentiel et ne pas le réaliser. Ne pas le réaliser comme on aurait aimé ou comme la société voudrait qu’on le réalise. La culpabilité hante le surdoué.
  • La lucidité : cruelle. Elle amène notamment à une remise en question permanente de soi. « Heureux les simples d’esprit » disent les Béatitudes dans le Nouveau Testament. Le surdoué, souvent, voudrait faire partie du peuple des simples.
  • Le besoin d’anticipation et de maîtrise : impossible pour le surdoué de vivre le « carpe diem »Il lui faut du solide, de l’infini, de l’absolu, tout en sachant où il va. Se sachant « fragile », il est compréhensible que le surdoué cherche à tout prévoir, tout en cherchant à combler ses besoins.
  • La difficulté du rapport aux autres : souvent solitaire, parfois par caractère, souvent par nécessité. Se sentir différent éloigne des autres. Être repéré par les autres comme différent fait fuir le surdoué. Et c’est sans compter que lorsque des liens se nouent tout de même, reste le problème de l’incompréhension de fonctionnement différents.

Le tableau est un peu noir, il contrebalance le tableau clinquant qu’on se fait du surdoué habituellement: lui qu’on envie, dont on se dit qu’il est verni et que tout lui réussira. Mais le surdoué n’est pas que souffrance et douleur. Il est aussi créatif, souvent plein d’humour, surprenant, original et attachant… et heureux aussi! 

Vers une meilleure compréhension

Si vous avez un « zèbre » dans votre entourage, si vous en êtes un ou une, si vous pressentez que vous pourriez l’être… Lisez Trop Intelligent pour être heureux. Tout n’est peut être pas à en garder, chaque individu est particulier, mais vous comprendrez mieux qui sont les surdoués. Et, qui sait, en aidez un ou une, ou vous aider vous-même! Car le quotidien d’un zèbre et de son entourage n’est pas facile.

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