Psychologie

Les cinq étapes du deuil

Les cinq étapes du deuil

Issu des recherches de Elisabeth Kübler-Ross, le modèle des cinq étapes constitue une référence depuis son introduction dans les années 70. Analyse.
Le deuil, en psychologie, est perçu comme «la réaction à la perte d’une personne aimée ou d’une abstraction venue à sa place, comme la patrie, la liberté, un idéal, etc.». (Freud, 1915).

Les cinq étapes du deuil sont la description la plus précise à ce jour des réactions psychologiques et émotionnelles associées à la perte d’un être cher. Leur découverte résulte d’une étude menée par Elisabeth Kübler-Ross en 1969, au terme de laquelle plus de 500 personnes mourantes furent interrogées. Le processus était effectivement destiné à analyser les comportements psychologiques des mourants, mais a fini par inclure leurs proches dont les réactions étaient sensiblement similaires, ou encore toute personne assujettie a une situation susceptible de changer leur vie. La psychologie n’étant pas une science exacte, il faut garder à l’esprit que les cinq étapes ne sont pas universelles, et ne sont pas inscrites dans un cadre chronologique. Selon les cas, une personne pourra les vivre dans un ordre différent à celui établi par le modèle, et même « sauter » une ou plusieurs étapes.

Le déni (Denial)

Deux perspectives du déni s’opposent dans ce contexte. La première est vécue par la personne mourante, et qui se traduit littéralement par le refus de croire que celle-ci va mourir : « Je me sens bien, c’est ridicule », « je vais surmonter ça sans problèmes, je suis différent(e) ». En revanche, chez le proche du mourant, le déni est d’avantage symbolique que littéral. La prise de conscience est bel et bien présente, il n’est nullement question d’hallucinations. Seulement, de la même manière qu’une image résiduelle persiste lorsque l’on regarde le soleil un peu trop longtemps, l’image de la personne aimée demeure présente, et sa disparition laisse donc place à l’incrédulité. C’est ce « manque » apparent qui symbolise cette deuxième perspective. On pourrait citer l’exemple de la chaise vide, préférée d’une personne aimée lors de son vivant, mais désormais abandonnée.

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La colère (Anger)

«Pourquoi moi?», «Qu’ai-je fait pour mériter ça?», «Quelle injustice!», etc.

Ce sentiment peut aller très loin, puisque certains en veulent aux médecins (dans le cas des mourants), ou même aux défunts (dans le cas des proches) qui sont partis, abandonnant leurs familles derrière eux. Il peut être une force, dans certains cas, une étape du processus de compensation généralement initié par le déni, et constitue une défense sommaire contre la douleur. Par exemple, les divorcés qui gardent un sentiment de rancune envers leurs ex conjoints.

Les cinq étapes du deuil
Les cinq étapes du deuil

Le Marchandage (Bargaining)

Il peut souvent prendre la forme d’une prière, mais pas nécessairement. «S’il vous plaît, laissez le/la vivre, je ne me mettrais plus jamais en colère contre lui/elle», «S’il te plaît, ne me laisse pas, je promets de ne plus boire la moindre goutte d’alcool».

Le marchandage est souvent accompagné du sentiment de culpabilité, synonyme de conditionnel: «Et si j’avais mieux agi…», « Si seulement on n’avait pas eu cette dispute ridicule», «Si j’avais mieux pris soin de mon corps…», etc.

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Cette avalanche de «et si» provoque une réflexion sur ce qui serait advenu si on avait agi différemment, d’où l’apparition de la culpabilité.

La dépression (Depression)

Une fois les étapes précédentes achevées, vient la considération du présent, et de la douleur qui l’accompagne : «Pourquoi devrais-je me battre, je vais mourir de toutes façons…», «Elle m’a quitté, je n’ai plus envie de rien», «J’ai perdu mon travail, je n’en trouverais plus jamais un autre d’aussi intéressant». On se replie petit à petit du monde qui nous entoure, jusqu’à se terrer dans un brouillard de sentiment négatifs qui sont autant de raisons de ne pas considérer le reste: «A quoi bon ?»

Si les autres étapes sont en général «facultatives», il est en revanche rare de constater une absence de dépression chez les personnes souffrant d’une maladie mortelle, ou ayant perdu un proche. Elle est la pierre angulaire du processus de deuil, et souvent la plus dévastatrice. Néanmoins, elle est capitale à la catharsis que constitue ce processus, et qui conduit directement à l’étape suivante, l’acceptation.

L’acceptation (Acceptance)

L’amalgame est courant: l’acceptation est souvent considérée comme le fait d’aller mieux, de s’être remis de la situation. C’est rarement le cas. En effet, il s’agit là d’accepter, de réaliser que la vie continue et que tout ne s’arrête pas à la tragédie que l’on vient de vivre. Si la dépression représentait une forêt de sentiments noirs et négatifs, l’acceptation en serait l’orée, là où les choses deviennent plus claires.

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Trouver l’acceptation pourrait très bien signifier vivre d’avantage de bons moments que de mauvais. Là aussi, le sentiment de culpabilité vis à vis des proches ou des défunts est présent. À mesure que l’on recommence à vivre, les souvenirs douloureux émergent et l’on a ainsi l’impression de trahir les êtres chers disparus.

Critique et étude

Dans une étude réalisée par Paul K. Maciejeweski et al (2007), il est établi que le modèle de Kübler-Ross est extrêmement théorique et ne fait pas de distinction entre les différents «types de deuil» (deuil associé à la mort d’un être cher par cause naturelle, par accident, deuil associé au divorce etc.).

L’étude porte donc sur la perte d’un être aimé par cause naturelle, et le constat majeur est que le déni ne constitue pas la première étape, encore moins l’étape prédominante. De plus, l’acceptation semblait être l’étape la plus amplement vécue par les personnes étudiées. Preuve que le modèle est bien loin d’établir une théorie exacte, spécifique, et empirique, mais propose plutôt une ébauche du chemin émotionnel vécu par une personne en situation de deuil.

Sources:

– An Empirical Examination of the Stage Theory of Grief, Paul K. Maciejewski et al 2007

– Grief.com

– Mental-health-matters.com