Psychiatrie

L’histoire de la folie selon Foucault

L'histoire de la folie selon Foucault
L'histoire de la folie selon Foucault
L’histoire de la folie selon Foucault

Michel Foucault considère les fous comme victimes d’une société qui, pour exister, a besoin de les exclure.
Dans son ouvrage «Histoire de la folie à l’âge classique», Foucault interroge la désignation de la folie par ceux qui se disent «normaux». C’est la société, rejetant ce qui lui est étranger, qui ferait exister la folie. Elle se protégerait ainsi contre ceux qui sont susceptibles de nuire au bien être de la collectivité.

Le « normal » et « l’anormal »

D’après Foucault, c’est à la Renaissance que le concept de «norme» émerge. Il instaure alors une dialectique entre le «normal» et «l’anormal», la raison et la déraison. Les fous sont désignés comme étant en dehors de la norme. Mais cette distinction entre le «dedans» et le «dehors» serait biaisée, car seuls ceux qui sont à «l’intérieur» sont en mesure de juger ce qui leur est «extérieur». Les fous sont considérés comme fauteurs de troubles ou «oisifs» à côte de ceux qui font fonctionner l’économie (les travailleurs). Ils constituent donc une menace pour l’ordre public et les valeurs dominantes que représente la bourgeoisie. Leur conduite est jugée amorale, aux antipodes du modèle familial classique fondé sur la raison.

L’enfermement

La fondation de l’Hôpital Général en 1656 marque le début de ce que Foucault nomme le «Grand Renfermement». Sont alors mélangés dans ces structures tous ceux considérés comme «anormaux», aussi bien les fous, que les libertins, prostitués, mendiants, criminels, sorciers. Le fou représente le «mal», il est exclu de la société. L’enfermement constitue une forme de correction, elle vise à supprimer la différence. La folie n’a pas de raison d’être. On cherche à culpabiliser le fou, à faire en sorte qu’il considère sa folie comme une faute. Il ne bénéficie pas de soins, on se contente de l’enfermer, l’enchaîner.

De l’« anormal » au « pathologique »

Un changement de regard s’opère autour de la révolution de 1789. Une loi de 1790 introduit la création d’hôpitaux destinés uniquement aux «insensés». L’internement pour fautes morales, libertinage et conflits familiaux est fortement réduit. Le concept de maladie mentale apparaît alors et le traitement de la folie se médicalise. Dorénavant, on enferme pour soigner et non plus uniquement pour punir. D’abord appelés les «vapeurs», les troubles deviennent «maladies des nerfs». Une première différenciation des pathologies est établie : la démence, la manie, la mélancolie, l’hystérie, l’hypocondrie. Avec Pinel (médecin chef de la Salpetrière 1795-1820), le regard porté sur la folie évolue, son traitement devient plus humain. On évoque maintenant la possibilité de soigner la folie. Néanmoins, pour Foucault, le fou reste prisonnier des considérations morales. « La guérison du fou est dans la raison de l’autre – sa propre raison n’étant que la vérité de la folie ».[1]

 

L’antipsychiatrie

Le mouvement antipsychiatrique reprend dans les années 1960 ces thèses estimant notamment que le rapport de « domination » en psychiatrie n’était pas adapté. Dans la lignée de Foucault, ses défenseurs pensent que l’internement psychiatrique constitue une forme d’action politique visant à opprimer des éléments perturbateurs qui menaceraient l’équilibre de la société.

Sources :

FOUCAULT Michel (1972). « Histoire de la Folie à l’Âge Classique », Editions Gallimard

[1] FOUCAULT Michel (1972). « Histoire de la Folie à l’Âge Classique », Editions Gallimard, p.540